2.1.2 Scénario 2 : Le fil du rasoir
À l’horizon 2040, l’engagement communautaire des États membres de l’UEMOA est demeuré stable, à son niveau actuel relativement réduit, et les économies au sein de la zone n’ont guère fait l’objet de transformation structurelle.
Dans ce scenario, après 30 ans de construction laborieuse, l’élan communautaire s’émousse et affaiblit le dispositif institutionnel de l’UEMOA. La mobilisation moindre du Prélèvement Communautaire de Solidarité (PCS) fragilise la Commission. Malgré des instances communes, les institutions de l’UEMOA ne fonctionnent pas suffisamment en synergie. De même, une complémentarité insuffisante renforce l’impression de doublons entre l’UEMOA et la CEDEAO. Le contexte sécuritaire demeure tendu avec des divergences persistantes, exacerbées par des contradictions. Dès lors, les cadres géopolitique et sécuritaire instables manquent d’insuffler une dynamique nouvelle, qui favoriserait le développement durable des économies de la zone UEMOA.
Comme pour les 30 premières années, la transformation structurelle des économies de l’UEMOA reste donc insuffisante, et l’industrialisation manque de décoller. Malgré les initiatives en faveur de l’intégration régionale et continentale, on constate la non-émergence de filières compétitives exportant des produits à forte valeur ajoutée : les économies de l’UEMOA demeurent essentiellement rentières, peu industrialisées, et à faible valeur ajoutée. Au fil du temps, le niveau d’industrialisation se dégrade, avec un poids de l’industrie dans l’économie qui passe de 22% à 20% du PIB entre 2024 et 2040. Corrélativement, la part des biens manufacturés dans les exportations stagne à 11%8 : l’UEMOA reste une zone fortement extravertie, exportant essentiellement des matières premières brutes vers l’Europe et l’Asie. Les échanges intracommunautaires restent à un niveau faible, plafonnant à quelque 15% du total des échanges des pays de l’Union. La balance commerciale de la zone continue dès lors de se dégrader, avec un déficit commercial projeté à 12% du PIB en 2040, contre 8,7% en 20229. Avec la persistance de taux infimes de création d’emplois formels, le problème critique de l’emploi des jeunes perdure et se renforce avec l’afflux rapide de nouvelles générations sur le marché du travail, conséquence de la pyramide des âges au sein de la zone. Le tissu économique reste clairsemé et l’économie demeure fortement informelle, avec moins de 60 entreprises formelles pour 10 000 habitants.
En 2040, la zone UEMOA est dans une situation fragile. Malgré d’importantes initiatives, l’impact de l’UEMOA sur le développement économique des États membres n’est pas suffisamment perceptible. Dans un contexte économique difficile, l’UEMOA est de plus en plus perçue comme un doublon et un parent pauvre de la CEDEAO, et ses ressources diminuent en conséquence. L’UEMOA est dans une situation fragile et instable. Elle se débat en 2040 dans le scenario du fil du rasoir.