2.1.3 Scénario 3 : Le vol des grues couronnées
À l’horizon 2040, l’engagement communautaire des États membres de l’UEMOA reste stable, mais les économies au sein de la zone affichent une progression dans leur transformation structurelle.
Dans ce troisième scenario, l’engagement des États pour l’intégration prime sur les dissensions ponctuelles et l’UEMOA connaît un regain de souffle. Après 30 ans de construction commune, les États membres de l’UEMOA décident de préserver leur Union et de mener ensemble, de l’intérieur, les réformes requises. La Commission de l’UEMOA préserve ses ressources, renforce son efficacité et consolide sa position institutionnelle. Portée par une vision 2040 ambitieuse et partagée, les institutions de l’UEMOA renforcent leur cohérence d’action et leur impact. L’UEMOA se maintient comme un modèle d’intégration régionale, et s’insère de façon plus harmonieuse au sein de l’espace CEDEAO.
Locomotive de cette nouvelle dynamique, la Commission met en œuvre une politique de compétitivité qui favorise la transformation structurelle progressive de l’Union. Les politiques sectorielles portées par la Commission, plus volontaristes et mieux ciblées, créent des conditions plus favorables au développement de l’industrie de la zone UEMOA. Elles promeuvent notamment une convergence économique renforcée, la baisse du coût de l’énergie, une meilleure connectivité régionale, le développement de zones industrielles, un accès facilité au large marché de l’Union pour le ‘‘made in UEMOA’’, ou encore le renforcement des investissements. Par-delà la croissance soutenue, le développement industriel favorise la transformation en profondeur des économies de l’Union. Davantage de matières premières sont désormais valorisées sur place, par une industrie locale de plus en plus diversifiée. Le développement de l’agriculture et l’émergence d’une industrie agro-alimentaire régionale dynamique renforcent la sécurité alimentaire, tout en permettant un redressement progressif de la balance commerciale. En effet, le poids de l’industrie dans le PIB remonte de 22% à 25%, et la part des biens manufacturés dans les exportations double quasiment, de 11% à 20%. Par leur impact combiné, le déficit commercial connaît donc une baisse soutenue, passant de 8,7% du PIB en 2022 à seulement 2% en 2040. À l’inverse, les échanges intracommunautaires décollent, accompagnant la mise en place progressive de chaînes de valeur régionales intégrées. Entre 2022 et 2040, leur poids double, passant de 13-15% à 30% du total des échanges de l’Union. En parallèle, le tissu économique se densifie, offrant à la jeunesse de l’Union de plus en plus d’opportunités d’emplois formels. Entre 2022 et 2040, l’UEMOA passe de 52 à 150 entreprises formelles pour 10 000 habitants10. Avec des économies plus compétitives, l’UEMOA s’insère de façon plus avantageuse dans la CEDEAO, tout comme dans la ZLECAf.
En 2040, la zone UEMOA réussit à s’insérer dans une nouvelle trajectoire de croissance forte et durable. Le dynamisme économique de l’Union favorise le développement de l’esprit communautaire, y compris auprès des populations, qui en ressentent de plus en plus l’impact. Les capacités d’adaptation aux changements climatiques se renforcent et l’insécurité alimentaire est maîtrisée. La zone connaît un souffle nouveau, qui bénéficie également au développement de la CEDEAO. En 2040, l’UEMOA a réussi à sortir du scénario du fil du rasoir, pour rentrer dans celui, bien plus favorable, du vol des grues couronnées.
10 Vision prospective UEMOA 2040, Rapport synthèse